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Rivière-du-Loup entend protéger l’identité de la rue Lafontaine 

durée 3 juin 2025 | 06h52
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    Un homme d’affaires qui souhaitait construire trois nouveaux logements de bonnes dimensions dans un local situé au rez-de-chaussée d’un immeuble de la rue Lafontaine déplore la rigidité de la Ville de Rivière-du-Loup en matière d’urbanisme au centre-ville. En mai, son projet a été refusé en raison de la volonté du conseil municipal et des membres du Comité consultatif d’urbanisme de protéger les activités commerciales de cette artère centrale. 

    Olivier Bouchard est copropriétaire de l’immeuble situé au 120-122, rue Lafontaine, tout juste devant le stationnement de l’église Saint-Patrice. Incapable de louer un espace commercial qu’il possède, lequel est libre depuis près de 6 mois, il a décidé de déposer un projet de construction de trois logements au début de l’année 2025. 

    Déjà propriétaire d’un parc immobilier de 150 portes, l’entrepreneur comptait investir plus de 200 000 $ pour aménager deux 3 ½ et un 4 ½, «des logements recherchés sur le territoire louperivois», soutient-il. Des travaux extérieurs étaient aussi au programme afin d’en améliorer certains aspects.

    Il faut toutefois savoir que la règlementation municipale en vigueur interdit la construction de logements au rez-de-chaussée sur la rue Lafontaine, dans un périmètre établi entre les rues Fraser et Saint-Elzéar. Le projet du promoteur exigeait donc une modification en ce sens. 

    Olivier Bouchard estimait que la localisation de son bâtiment, situé au nord du cœur commercial du centre-ville, ainsi que les besoins criants de logements, donnaient du poids à sa requête. À cela s’ajoutait aussi le fait que de nombreux locaux commerciaux sont toujours disponibles et mieux situés ailleurs sur la rue Lafontaine. 

    Or, ce contexte n’est pas suffisant pour justifier sa demande aux yeux des élus et des membres du Comité consultatif d’urbanisme, déplore-t-il. La Ville a récemment refusé le projet en expliquant que le conseil municipal a «la volonté de conserver les activités commerciales au centre-ville sur la rue Lafontaine», est-il écrit dans une lettre datée du 13 mai. «[Ils] sont d’avis qu’il n’est pas opportun de modifier la règlementation en ce sens», peut-on lire aussi. 

    INCOMPRÉHENSION 

    Olivier Bouchard juge aujourd’hui que la décision municipale a été prise «sans considérer le portrait global de la situation». Il ne croit pas que le refus est «justifiable» dans le contexte actuel. Le taux de logements inoccupés était de seulement 0,2 % en octobre 2024, selon les données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).

    En entrevue, il dit comprendre la volonté municipale de protéger le volet commercial de la rue Lafontaine «entre les rues Frontenac et de l’Hôtel-de-Ville». Il croit cependant que la règlementation devrait être plus flexible à l’extérieur de ce secteur précis. 

    L’homme d’affaires rappelle également que son immeuble aux allures d’une grande maison est situé devant une église, à proximité d’un parc, d’une bibliothèque et de deux écoles. Les rues adjacentes sont aussi composées en majorité de résidences unifamiliales et d’immeubles à logements. 

    «On comprend qu’ils veulent dynamiser le centre-ville, mais ce secteur est déjà très habité, même si on y retrouve encore quelques commerces», a-t-il dit, à deux pas du Château Grandville où résident également de nombreux travailleurs. 

    «Il y a un manque de logements à Rivière-du-Loup. On veut contribuer, avancer, mais il faut que la Ville nous aide […] Actuellement, on s’est fait dire non, sans amener d’autres solutions», a-t-il ajouté. Il craint ne pas réussir à louer son espace commercial ce qui lui coutera très cher. Depuis le début de l’année, une seule visite a été effectuée et elle n’a pas été concluante.

    Photo : Marc-Antoine Paquin 

    UNE POSITION CATÉGORIQUE     

    À l’Hôtel-de-Ville, le discours ne pourrait pas être plus limpide : la vocation commerciale de la rue Lafontaine doit être conservée et protégée. Il s’agit d’une priorité, même s’il est vrai que les besoins en logements sont grands. 

    «Le logement est possible sur la rue Lafontaine, il y en a beaucoup, mais à l’étage», a souligné le maire Mario Bastille qui ne voit pas dans ce refus une position «anti-logement». Au contraire, ajoute-t-il, les projets immobiliers sont nombreux sur le territoire louperivois et d’autres sont en travail.  

    M. Bastille se souvient quand le dossier du 120-122, rue Lafontaine, a été discuté au CCU, sur lequel il siège avec deux autres élus et cinq citoyens. La décision a été entérinée par les élus, «mais elle a été prise sous recommandation de citoyens engagés, qui ont à cœur le développement de leur ville», a-t-il rappelé.  

    «Il était clair, net et précis que la volonté du Comité consultatif d’urbanisme était de permettre seulement une utilisation commerciale au rez-de-chaussée sur la rue Lafontaine, mais d’autoriser l’habitation à l’étage», a-t-il mentionné. «Le conseil trouvait que cette décision avait plein de sens.»

    Il n’est pas non plus dans les plans, précise-t-il, de rétrécir la section de la rue Lafontaine sur laquelle la règlementation s’applique. «On ne veut pas dénaturer notre rue Lafontaine», a-t-il complété, ne cachant pas le risque de créer un «précédent». 

    «Permettre la construction de logements au rez-de-chaussée viendrait créer des trouées sur la rue Lafontaine, au détriment des commerçants. Ce qui est intéressant, c’est de marcher au centre-ville, d’avoir une diversité de commerces, de rendre cette artère attrayante et vivante», a renchéri Éric Malenfant, directeur du Service du développement territorial.

    Selon lui, les décisions d’urbanisme doivent être prises avec «une vision d’ensemble» pour le bien de la collectivité. 

    >> LE CAS DE L’ARTICLE 93 

    Le 21 février 2024, l’Assemblée nationale du Québec a adopté la Loi modifiant diverses dispositions législatives en matière d’habitation. L’article 93 de cette loi accorde aux municipalités le pouvoir temporaire d’autoriser, par résolution, des projets d’habitation d’au moins trois logements, en dépit de la réglementation d’urbanisme en vigueur.

    Olivier Bouchard y voyait une belle opportunité pour la Ville de faciliter le processus administratif vers le développement de projets immobiliers. À la mairie, Mario Bastille juge toutefois qu’il faut faire preuve de prudence quand il question d’une «voie rapide» qui ignore le processus d’approbation référendaire.

    La volonté municipale est de se prévaloir de ce pouvoir temporaire seulement pour la construction de logements abordables et pour la reconversion de bâtiments patrimoniaux.

    Pour un projet touchant la rue Lafontaine, les citoyens auraient été consultés, a-t-il assuré. 

     

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