Humblement, la photosynthèse

Corine de Repentigny
Je suis toujours étonnée par le miracle du printemps. Les plantes herbacées, les arbres et les arbustes — qui avaient l’air morts et enterrés dans le banc de neige — émergent et verdissent.
On oublie souvent d’observer les végétaux. Notre attention est dérivée vers les choses qui passent et qui font du bruit, comme les outardes ou les motos. On devient obnubilé parce qu’elles cacardent ou qu’elles pétaradent en filant vers l’horizon. Pendant ce temps, en silence, le vert opère.
Les plantes n’ont ni cerveau ni instinct. Pourtant, elles sont programmées pour germer au bon moment, sortir des feuilles et commencer la photosynthèse.
Il me vient l’envie de vous décortiquer son équation. Prenez une pause sous un rayon de soleil, ce sera une courte et touchante leçon de chimie, aussi simple qu’une recette à trois ingrédients. D’ailleurs, les voici, en un petit rappel des éléments de base :
H = hydrogène
O = oxygène
C = carbone
On connait tous la formule chimique de l’eau : H2O
À moins de vivre dans le fond de la mer depuis quarante ans, on connait tous aussi la formule du dioxyde de carbone, le polluant des voitures et le gaz qu’on expire : CO2
Lors de la photosynthèse, il se mélange du CO2 et du H2O : 6 parts de chacun. Le soleil fournit l’énergie. La recombinaison des éléments sustente la plante ; du O2 est rejeté — de l’air dépollué, quoi.
On peut résumer ainsi : 6 CO2 + 6 h 2O + lumière → C6H12O6 + 6 O2
Quelqu’un lève un doigt (un pouce vert, j’espère) et demande : « Et c’est quoi, du C6H12O6 ? » Aussi mystérieux et magique que ça puisse sembler, c’est la formule chimique du glucose, soit du SUCRE ! Les plantes arrivent donc à produire du sucre avec de l’eau, de l’air et de la lumière. En comparaison, les alchimistes qui cherchaient la formule pour transformer les métaux en or étaient d’inutiles sorciers. Mon avis.
Parce que sans ce sucre, la vie telle que nous la connaissons n’existerait pas. À part les champignons, à peu près tout ce que nous mangeons est soit végétal, soit la chair d’un animal qui a mangé des végétaux. Notre système décompose notre nourriture pour en extraire le précieux sucre et le réutilise pour fonctionner. Devant cette constatation, il y a de quoi se sentir humble. On a beau être au sommet de la chaîne alimentaire, si l’échelon d’en bas s’effondre, les obèses que nous sommes tombent.
Sans faire une prière de remerciements chaque fois qu’on croque une carotte, il est facile de rendre grâce au monde végétal. Les utiliser sans gaspiller est une modeste façon de les respecter. Savoir nommer les espèces sauvages autour de nous est un premier pas vers leur sauvegarde : on protège ce que l’on connait.
En terminant, je salue bien bas les personnes qui travaillent la terre pour produire des végétaux, ainsi que ceux et celles qui cultivent le savoir et la recherche à leur sujet.
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